Apparus dans les années 1920, les bars « speakeasy » se sont développés durant la Prohibition américaine. Contexte drastique interdisant toutes importations, productions et ventes d’alcools, durant 13 années.
13 ans de Prohibition aux Etats-Unis (1920 – 1933)
Les origines : une interdiction constitutionnelle
Cette interdiction (de haut niveau) visait à lutter contre l’alcoolisme des citoyens américains imposé par le puissant lobby des fondamentalistes protestants. Elle s’appliquait à différents champs : production, importation, transport et vente de boissons comportant de l’alcool. Selon ces mêmes fondamentalistes, ces boissons étaient « vectrices d’anarchie et de pauvreté » – véritable fléau à éradiquer.

Speakeasy : la naissance des bars clandestins
« Chut… s’il vous plaît »
Rapidement apparus en réponse au contexte de la Prohibition, les speakeasies ont rencontré, dès leurs premières ouvertures, un fort attrait auprès de la population bridée. Leurs accès étaient cependant très limités et confidentiels. Ne rentrait donc pas qui voulait.
Traduction littérale de « parler doucement », il s’agissait de chuchoter un mot de passe à l’entrée d’un lieu caché pour y pénétrer et s’y voir servir alcools et vins. Une fois à l’intérieur, parler à voix basse y était de mise. Objectif ? Eviter d’attirer l’attention tant que possible des policiers sur le lieu où la consommation d’alcool coulait à flots et le contexte restrictif, bravé. L’ambiance reposait ainsi sur la discrétion et le secret de tous ceux qui le fréquentaient.

L’art de la dissimulation
Connus pour leur génie en matière de cachette, les speakeasies disposaient souvent de systèmes de levier, permettant d’avoir accès aux bouteilles d’alcool, et de les dissimuler sitôt servies. Impossible donc d’identifier la présence d’alcools lors des descentes inopinées de police.
Un lieu raffiné
L’élégance comme maître-mot
Quelques temps après leur apparition, commence à se dessiner dans chaque speakeasy, une esthétique propre, une configuration singulière et une décoration personnelle qui séduit de plus en plus et attire différents styles de clients. L’endroit y est raffiné. Les tenues des barmen élégantes. Tout est mis en oeuvre pour fidéliser et satisfaire une clientèle dite « d’initiés ». L’ambiance cosy, feutrée, ainsi que la grande attention portée par les barmen, sur les goûts et habitudes des clients, y est particulièrement appréciée.

Une gestion douteuse
Le crime organisé comme gestionnaire
Véritable aubaine pour la mafia, la Prohibition va considérablement faire exploser la vente d’alcool de contrebande. Exclusivement géré par le crime organisé, l’alcool écoulé dans les speakeasies est pour la plupart du temps de mauvaise qualité, frelaté et relativement bas de gamme. Toutefois, il ravit les consommateurs en quête de liesse et d’ivresse. Il rapporte beaucoup d’argent et suscite les rivalités entre gangsters pour sa prise de contrôle.
La Prohibition ouvre ainsi la porte à différents trafics parallèles. Prostitution et jeux d’argent feront la fortune des grands bandits mais aussi grimper en flèche les tensions. Les journaux, quant à eux, titreront régulièrement les tueries sauvages dont la population sera le témoin.

– Figure célèbre du crime organisé (1899-1947) –
Photo prise dans les locaux de la police de Chicago lors de son arrestation comme ennemi public n°1 – (1930)
Le dernier Speakeasy
Le Chumley’s – New York, 86 Bedford Street (Greewich Village)
Le Chumley’s est le dernier bar clandestin recensé aux Etats-Unis. Jusqu’à sa fermeture en 2007, rien ne trahissait, en extérieur, la présence d’un établissement de débit de boissons. L’arrière était encore pourvu d’une sortie secrète donnant accès à Barrow Street. Les clients pouvaient ainsi déguerpir sans être vu de la police.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Une tendance qui tend vers » l’expérience client «
Aujourd’hui, avoir accès à un speakeasy est devenu tendance. Les nouveaux créateurs et gestionnaires de ces lieux rivalisent d’ingéniosité pour se démarquer. Même si désormais ces nouveaux établissements sont déclarés, leurs accès restent très limités et réglementés par leurs propriétaires. L’objectif étant de conserver l’état d’esprit d’ « accès exclusif » et d’y adjoindre une « expérience client unique ». Sorte de petit jeu, où la satisfaction d’avoir réussi à les dénicher, découvert l’univers qui s’y cache et y déguster des cocktails au style travaillé, devient une quête excitante que l’on affiche fièrement sur les réseaux sociaux.

Comment les trouver ?
Un peu partout à vrai dire. Aux Etats-Unis bien sûr, mais aussi, en France, en Angleterre ou encore au Japon.
Evidemment, nous ne sommes plus en 1920. Internet et Instagram sont passés par là et leurs localisations ont donc été rendues accessibles. Néanmoins, trouver ces lieux, ne veut pas dire y avoir accès.
Deux possibilités :
- être intronisé par un membre et attendre sa place pendant plusieurs mois,
- déjouer le plan (presque) machiavélique du propriétaire (ex : porte dérobée derrière le hublot d’une machine dans une laverie parisienne ou l’arrière d’un combiné téléphonique dont il faut connaître le numéro de téléphone pour déverrouiller l’accès, etc).
Tout un contexte suscitant, toujours et encore, intérêt et curiosité qui ne sont pas prêts de s’arrêter !
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